PHOTO HAUTE VITESSE
Le parcours de Ghislain vers la photo ultrarapide
Début 1990, alors qu'il était élève ingénieur, il a profité de son accès au laboratoire d’optique de Besançon pour construire une première barrière lumineuse très sensible équipée d’un laser afin de détecter le passage des insectes devant l'appareil. Celle-ci a depuis reçu plusieurs modifications mais les principes de base mis au point au laboratoire sont encore utilisés aujourd'hui.
Parallèlement à ces études techniques, il a recherché des travaux d’autres photographes sur les papillons en vol. C’est ainsi qu'il a découvert l’oeuvre de Stephen Dalton, maître incontesté de la photographie ultrarapide. Il a lu et relu son ouvrage «pris sur le vif» (Caught in motion).
Il a ensuite découvert la montagne de difficultés qui se trouvait devant moi. D’abord, il a fallu surmonter les problèmes purement techniques : réglage du système de déclenchement automatique, prise en compte du délai d’ouverture de l’obturateur, maîtrise de la durée des éclairs. Ces travaux techniques ont été si longs et difficiles qu'il a plusieurs fois hésité à abandonner.
Puis il a du trouver des solutions pour que les papillons traversent ma barrière lumineuse. Cette phase de son parcours photographique lui a redonné le moral car il se retrouvait avec les papillons, dans la nature, en train d’observer leur vol fait d’acrobaties et de changements de direction.
Les premières saisons de macro ultra-rapide étaient décevantes. Certes, il obtenait des photos de papillons en vol, mais les résultats étaient très éloignés des images qu'il avait envie de réaliser. Ghislain accordait plus de temps à la technique à mettre en œuvre qu’aux photographies et à ses petits sujets...
L'instant décisif
l y a deux principales contraintes techniques à surmonter pour photographier les insectes en vol. La première tient à la nécessité de déclencher l’appareil au bon moment. Ici, il faut simplement mettre en œuvre une barrière lumineuse qui permet de déclencher automatiquement l’obturateur. Avec un peu d’efforts, cette difficulté se surmonte sans problème surtout qu’on trouve du très bon matériel dans le commerce. Si vous êtes intéressés par ce type de dispositif, visitez donc le site de JAMA Électronique : www.jama.fr. Mais une grosse difficulté se cache derrière l’utilisation des barrières lumineuses. Il s’agit du délai d’ouverture de l’obturateur. Un obturateur classique met plusieurs dizaines de millisecondes pour s’ouvrir, délai pendant lequel un criquet qui bondit peut parcourir jusqu’à cinquante centimètres. Autant dire qu’il est impossible de tenter ce genre de prise de vues avec de telles contraintes quand on ne dispose que de quelques millimètres de profondeur de champ. C’est pourquoi les spécialistes de cette discipline conçoivent souvent eux-même un obturateur rapide. On obtient ainsi un délai de déclenchement de 4 à 10 millisecondes. Mais les obturateurs rapides apportent, eux aussi, leur lot de contraintes. En particulier, leur diamètre relativement faible gêne l’utilisation de grandes ouvertures ou le recours à des capteurs de grande taille. C’est pourquoi j’ai emprunté une autre voie avec l’aide du bureau d’étude d’Hasselblad en Suède. J’utilise une solution qui permet de se passer totalement d’obturateur. J’obtiens ainsi un délai de déclenchement inférieur à une milliseconde ! Le déclenchement intervient virtuellement au moment exact où le faisceau de ma barrière Laser est coupé. Cela me permet donc de choisir avec plus de précision l’instant décisif !
Figer le mouvement
L’autre contrainte technique est liée aux mouvements rapides des insectes. On est contraint d’éclairer les scènes à photographier entièrement au flash électronique afin de profiter des éclairs très brefs qui figent efficacement les mouvements. Concrètement, il suffit de régler les flashs en mode manuel sur une faible puissance pour obtenir des éclairs de courte durée. Un flash cobra réglé sur M 1/64 produit un éclair d’environ 1/30.000s. Malheureusement, avec ce réglage, le flash ne produit plus beaucoup de lumière. Par exemple, le nombre-guide du flash Nikon SB-900 réglé sur M1/64 n’est plus que de 4 mètres pour 100 ISO. Ainsi, pour exposer correctement une photo prise à f/11 au rapport de reproduction de 0,5, il faut placer le flash à seulement 24 cm du sujet. En pratique, on est obligé de multiplier le nombre de flashs pour reproduire la lumière naturelle. C’est pourquoi, je mets souvent en oeuvre cinq ou six flashs cobra, voire davantage pour les photos en contre-jour. Mais cela reste gérable et je travaille ainsi depuis mes débuts. Il faut dire que les appareils numériques récents qui donnent accès à de hautes sensibilités de qualité constituent une aide précieuse.
Eclairage au flash sans câble
Ghislain a profité de la mise sur le marché d'un module de pilotage des flashes à distance Nikon SU-800 pour faire des tests avec son équipement ultra-rapide. Il a d'abord constaté que la commande sans fil ajoutait un délai de déclenchement de l'appareil photo assez incompatible avec ses exigences de rapidité d'action. Mais en multipliant les tests, il a trouvé un réglage particulier qui minimise de délai de déclenchement et qui rend le module SU-800 pleinement utilisable en macro ultra-rapide.
Cet accessoire a permis de travailler avec un système d'éclairage au flash beaucoup plus souple et plus rapide à mettre en œuvre sur le terrain. On gagne ainsi de longues minutes de mise en œuvre de l'équipement. De même, pendant les séances de prise de vues, l'ajustement des réglages a été simplifié par le fait que, quel que soit le nombre de sources lumineuses utilisées, le réglage est effectué de manière centralisée sur le SU-800.
Enfin, autre nouveauté très intéressante : le module SU-800 permet de piloter à distance des petits flashes macro SB-R200. Ces flashes sont très utiles pour moi pour plusieurs raisons. D'abord, il sont petits et légers. Il est donc facile de les placer autour de la scène photographiée, même dans des endroits difficilement accessibles. Ensuite, leur électronique leur permet d'émettre des éclairs de très faible durée allant jusqu'à 1/50.000° sec ! Avec une telle durée d'exposition, les mouvements les plus rapides sont parfaitement figés. Ensuite, il est possible de fixer les SB-R200 à l'avant des objectifs. J'ai souvent utilisé cette possibilité en 2006 en association avec des optiques grand-angle. Cela a permis de résoudre les difficultés d'éclairage des premiers plans au grand-angle.
L'association des petits flashes SB-R200 pour éclairer finement le premier plan avec des flashes SB-800 pour éclairer l'arrière-plan constitue le meilleur compromis entre souplesse d'emploi, performance et qualité de la lumière.
Très grandes ouvertures
Afin d'améliorer le rendu de mes clichés pris à grande ouverture, Il a choisi d'associer dans diverses situations une très grande ouverture avec la synchro haute vitesse de mes flashes. Lorsqu'ils sont utilisés avec cette synchro particulière appelée "FP", les flashes restent allumés pendant toute la durée de translation des rideaux de l'obturateur de l'appareil. Il est ainsi possible d'utiliser toute la gamme des vitesses d'obturation, jusqu'à 1/8000° sec. Cette technique procure deux avantages. D'abord, il est possible de mixer la lumière naturelle et les flashes sans courir le risque de faire apparaître des halos parasites. Ensuite, on peut avoir recours à des temps de pose "relativement" longs et, ainsi, suggérer le mouvement en conservant l'extrémité des ailes floues. Ghislain a souvent associé cette technique avec la très grande ouverture de son 200 mm f/2 pour produire des images très dynamiques.